Histoire & patrimoine. Quand l’usine rythmait la vie des Villersois

1917 fut une année charnière pour notre commune, puisque l’implantation d’un important complexe chimique a profondément modifié le paysage de la commune et la vie des Villersois.

Les évènements de l’année 1917 ont une portée historique considérable et ont grandement contribué à façonner le XXe siècle : l’offensive Nivelle au Chemin des Dames, l’entrée en guerre des États-Unis, la guerre sous-marine à outrance de la marine impériale allemande, la révolution russe d’octobre sont évidemment des faits majeurs.
1917, c’est aussi Marie Curie qui pose les fondations du premier centre anti-cancer, le premier dessin animé, le premier disque de jazz, le premier film politique de Chaplin ou la naissance de l’art conceptuel avec Duchamp.
Pour les Villersois, 1917 c’est également et surtout, l’année de la création de la Compagnie Nationale des Matières colorantes (CNMC) et de l’installation des premiers ateliers de fabrication d’indigo synthétique dans la commune.
Située entre la voie ferrée et l’Oise, l’usine va radicalement transformer le petit village agricole qu’était Villers-Saint-Paul au XIXe en cité industrielle du XXe siècle.
Dès les années 1920, la CNMC fusionne avec Kulhmann (1924) et va très vite se développer et attirer une main d’oeuvre importante. De nombreux ateliers, une centrale vapeur, des laboratoires de recherche et d’application, des bâtiments de stockage, des ateliers de réparation sont construits. Plusieurs centaines d’ouvriers travaillent à la fabrication des différents produits entrant dans la composition des colorants. 1926 voit les débuts de la fabrication des matières plastiques et résines synthétiques à Villers-Saint-Paul.
Dans les années 1930, l’usine emploie 2000 personnes. La direction de l’entreprise se doit de lancer des opérations de construction de chambres et de logements pour ses employés.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’usine est rattachée à la firme franco-allemande Francolor. Cette prise de pouvoir par I.G. Farben aura des conséquences importantes qui se prolongeront bien au-delà de la Libération. L’établissement considéré comme bien allemand, est mis sous séquestre, avant d’être restitué, en 1951, à son propriétaire, Kuhlmann. On le baptise, alors, la Compagnie Française des Matières Colorantes.

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Pas besoin de montre, à 7h55, 12h, 13h25 et 17h30 la sirène de la centrale
retentissait et c’était la cohue. En 1975, 2700 ouvriers faisaient tourner l’Usine.

 

Les années fastes
Pendant la période des Trente Glorieuse, outre les colorants, l’usine fabrique de l’acide sulfurique, des résines et colles, des produits intermédiaires pour la pharmacie et pour les autres industries…
Dans les années 1970, l’entreprise couvre une superficie de 175 hectares et emploie 2700 personnes.
La demande de main d’oeuvre est très importante. L’usine possède son propre service social avec infirmières et assistantes sociales, un garage, une école d’apprentis (La cage), une cantine qui fournit 800 repas par jour et même un service incendie. Le Comité d’Entreprise gère des centres de vacances, une bibliothèque, une société musicale, une crèche, un club sportif qui regroupe à l’époque le football, le basket, l’escrime, les sports de boules, une coopérative et planifie la construction de ce qui va devenir le complexe Henri Salvador.

Le choc de la désindustrialisation
Le choc pétrolier va marquer le début des restructurations. En 1972, à la suite de la fusion de Péchiney et Ugine Kuhlmann, la Française des Matières Colorantes devient la société des Produits Chimiques Ugine-Kuhlmann (PCUK), puis, est vendue en 1982 au groupe britannique Imperial Chemical Industry. Entre 1975 et 1982 les effectifs vont être divisés par deux.
C’est la fin d’une époque.
Le démantèlement des bâtiments, consécutif à la diminution de l’activité, démarre en 1986 avec la démolition de l’atelier de fabrication de colorants appelé la cathédrale. L’usine qui a structuré pendant tout le XXe siècle la vie sociale, politique et économique de la commune disparaît. Son éclatement en plusieurs sociétés dans un contexte social difficile résonne encore dans la mémoire collective.
Aujourd’hui, on estime que 300 personnes sont encore employées par les différents opérateurs (Arkema, Chemours, Dow Chemical…) sur le site de Villers-Saint-Paul. 

 

Avec l’aimable collaboration d’Evelyne Bonnecaze, Bernard Develter et Denis Langlois.

L’ultime combat dans la plaine de Nointel

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Texte paru dans le Bulletin municipal n° 83 d'octobre 2017.

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