Histoire & patrimoine. A l’ombre de la cheminée

Depuis 1917, la plate-forme chimique a façonné le visage économique et démographique de Villers-Saint-Paul. Les réalisations urbaines successives ont ainsi fortement contribué à dessiner la ville telle qu’elle se présente aujourd’hui.

L’histoire commence le 31 janvier 1917 avec la création de La Compagnie Nationale des Matières Colorantes (CNMC). Quelques mois plus tard les premiers ateliers de fabrication d’indigo synthétique sont construits.

Une nouvelle population

A partir de ce moment et au long du XXe siècle, le développement industriel va s’accompagner d’une augmentation de la population, conduisant à d’importantes opérations urbanistiques qui vont métamorphoser notre commune. En 1911, notre commune ne comptait que 881 habitants. Vingt ans plus tard, les Villersois sont au nombre de 2278, et en 1976 l’usine à elle seul regroupe 2737 personnes.

Pour accueillir cette nouvelle population, les industriels vont créer des zones résidentielles exclusivement destinées aux ouvriers et à leur famille.
La construction de la première cité ouvrière connue sous le nom de la Colorante (aujourd’hui quartier des près Roseaux), débute à partir de mars 1918, le long de la voie ferrée. Il s’agit de maisons ouvrières ou de contremaîtres, de bâtiments pour ouvriers célibataires. Au recensement de 1931, la cité compte plus de 700 habitants. Les barres des Prés-Sarazin Après la fusion de la CNMC et des établissements Kuhlmann en 1924, l’entreprise poursuit l’extension de son programme de logements en lançant, dès la fin des années 1930, une vaste opération. Un premier projet est lancé en 1938 avec la construction de barres de logements au lieu-dit Prés-Sarazin. Entre 1940 et 1947, un deuxième programme de trois barres est également lancé au lieu dit Mi-à-Camp, un peu plus au sud. Puis au milieu des années 1960, le lotissement de ce quartier s’achève avec la construction de trois autres bâtiments.

L’après guerre

Pendant la seconde guerre mondiale l’usine mise sous séquestre par l’Allemagne est rattachée à la société Francolor. à la libération le gouvernement français nationalise, puis en 1951, la société devient la Compagnie Française des Matières Colorantes (CMFC). En 1950, une halte ferroviaire destinée au personnel de l’usine est aménagée aux Prés-Roseaux. Elle est utilisée jusqu’en 1992. En 1951, la passerelle Jean Biondi est inaugurée pour faciliter le passage des ouvriers habitant à Verneuil. La cité Entreil qui comprend des maisons jumelées est construite en 1950, puis en 1954, 20 pavillons de plain-pied, bâtis sur les pentes de Villers-Saint-Paul, donnent naissance à la cité l’Épine, dernière cité construite, à la demande de la Compagnie Française des Matières Colorantes.

Le Complexe Henri Salvador

Au milieu des années 1970 la plate-forme chimique est à l’apogée de son développement : elle couvre une superficie de 175 hectares et emploie 2700 personnes. En 1972, à la suite de la fusion de Péchiney et Ugine Kuhlmann, la CMFC devient la société des Produits Chimiques Ugine-Kuhlmann (PCUK). En 1976, le comité d’entreprise de la société lance un vaste projet de construction d’un complexe sportif et culturel le long de la rue Victor-Grignard. Une salle omnisports sur deux niveaux, est construite en 1977 face au stade André-Pétenot. Cet équipement comprend au rez-de-chaussée un boulodrome avec dans la partie Est du bâtiment une salle de spectacles et plusieurs salles de sport au premier étage. En 2001, le bail est repris par la ville qui baptise le bâtiment «complexe Henri-Salvador».

La fin d’une époque

La crise liée aux chocs pétroliers des années 1970, va provoquer de nombreuses restructurations et finira par scinder la plate-forme en plusieurs sociétés. Le démantèlement des bâtiments, consécutif à la diminution de l’activité, démarre en 1986.

La chute de la cheminée de la centrale thermique et de sa sirène, qui a rythmé le quotidien des Villersois durant des décennies, marque la fin d’une époque.

Avec l’aimable collaboration d’Evelyne Bonnecaze, Bernard Develter et Denis Langlois.

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Texte paru dans le Bulletin municipal n° 82 de juin 2017.

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